100 ans de Luiz Gonzaga, le roi du Baião

Le roi du Baião
Cette année 2012 le Brésil commémore les 100 ans de Luiz Gonzaga, roi du baião.
Vous présenter ce personnage, pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est vous raconter le Nordeste.

Ce chanteur accordéoniste incarne tout ce qu'il y a de plus « nordestino » : il est le mandacaru en fleur, il est l'odeur du cuir cru, il est le sabiá et l'acauã(1), il est la sècheresse, la terre rouge craquelée, le chien assoiffé et la vache famélique, il est la poussière qui monte sous les sandales en cuir, il est le soleil ardent du Nordeste. Qui mieux pour interpréter ce sertão avec sa cette culture si particulière ? Luiz transpire les couleurs, parfums et sentiments de cette région ! Sa musique est simple - mais parce que l'âme du nordestino est ainsi - mais elle est riche en symboles d'une nature rude et belle à la fois. Qui mieux pour transcrire la nostalgie des nordestinos qui sont loin de leur terre? Qui mieux pour nous décrire la beauté et la joie simples, presque naïves, de ce peuple ? Sa voix et son langage reflètent la simplicité et l'inclémence de ce paysage rougeâtre.


Luiz Gonzaga do Nascimento est né le 13 décembre 1912 dans une petite ferme appelée Caiçara près d'Exu dans l'Etat de Pernambuco. Fils de père accordéoniste, le fameux « père Januário », il joue ses premiers accords dès l'âge de huit ans. Sa carrière d'artiste musicien débutera plus concrètement vers la fin des années trente avec sa composition « Vira e mexe ». Et à partir des années 40 sa carrière s'affirme et il est déjà considéré comme le plus grand « sanfoneiro » (accordéoniste) du Nordeste ! En 1941, Lua, comme on le surnomme, composa et enregistra « Asa Branca »(2) qui deviendra l'hymne des nordestinos et aura de multiples interprétations partout dans le monde. En 1946, il compose et enregistre avec Humberto Teixeira la première d'une série de 18 partenariats : « No meu pé de Serra», suivi d'autres grands succès tels que « Assum Preto », « Juazeiro », « Paraiba »... Lua conquière son pays et le monde : tournées en Europe, Etats-Unis, Japon... Le Nordeste gagnait ainsi sa voix qui brillait dans et hors du Brésil.


Bien plus que la seule transmission des rythmes typiquement nordestinos comme le baião, le xote, le xaxado, Lua représentait, et représente toujours, l'âme d'un peuple, l'âme du Nordeste racontant son histoire, sa culture. Sa musique décrit non seulement un paysage mais elle parle aussi des réalités de vie, souvent dures, auxquelles sont confrontés les nordestinos (la sécheresse et l'exode rural, la famine...) et dénonce avec humour les préjugés.


Pour les nordestinos, écouter Luiz c'est vivre le Nordeste, pour les autres c'est le découvrir. Les « autres » ne pourront certainement pas décoder toute la richesse symbolique de ses textes, trop de références culturelles, mais ils pourront avoir les premières esquisses de ce petit Brésil.


La musique brésilienne ne peut que le remercier et il est plus que normal que le Brésil fête cette année son centenaire par des hommages comme celui de l'école de samba Unidos da Tijuca qui l'a choisi comme thème et qui a remporté le championnat du Carnaval de Rio de Janeiro, le grand défilé du Galo da Madrugada à Recife et tant d'autres... Un très beau film de Breno Silveira, sortira aux cinémas brésiliens le 26 octobre 2012 intitulé « Gonzaga de pai pra filho ».


Pour les curieux et les accros de Lua, n'hésitez pas à sortir des sentiers battus et allez explorer le Nordeste brésilien sous les traces de ce grand personnage :

- Musée Parque da Aza Branca à Exu, Pernambuco
- Praça (Place) Luiz Gonzaga à Exu, Pernambuco
- Et très prochainement, on l'espère, s'ouvrira le « Cais do Sertão Luiz Gonzaga » , un très grand musée dans la ville de Recife (Pernambuco).

Quelques livres du Père Fabio Mota (attention ! les accros doivent parler portugais!) :

O Rei do Baião - 1966 - Sanfoneiro do Riacho do Brígida

O Rei do Baião Lançado em 1986 - Luiz Gonzaga, o Rei do Baião - Sua Vida, Seus Amigos, Suas Canções

O Rei do Baião Lançado em 1988 - Baião dos Dois - Zedantas e Luiz Gonzaga

Photo: album Ao vivo - Volta pra curtir